Mesdames et Messieurs chers collègues,
Voilà une occasion de lancer des alertes … En effet il y a des éléments qui posent question dans ce projet.
En premier lieu, son intérêt car même si ce data Center est déjà sorti de terre, cela ne doit pas nous empêcher d’envoyer un signal clair sur un phénomène qui sera destructeur à très court terme. Il y a en effet une telle frénésie concernant la consommation de données que les constats font froid dans le dos.
D’ores et déjà, il faut savoir que la totalité de la production électrique française ne suffit plus pour alimenter les data centers du monde.
Au rythme de croissance actuel, le volume de données à conserver sera multiplié par 45 entre 2020 et 2035. Si bien qu’en 2037 le maintien en vie des données numériques consommera plus d’électricité que le monde ne sera en mesure d’en produire. Imaginons aussi l’impact sur le réchauffement climatique, puisque l’intégralité de cette consommation se transforme en chaleur. Pas de chimères, la technologie ne viendra pas à notre secours dans ce domaine, car 17 ans c’est déjà demain.
Chers collègues, une fois encore le problème ne vient pas de la technologie, mais de la façon dont nous l’utilisons. C’est le rôle de notre Conseil de prévenir les dégâts causés par la pollution numérique. Nous devons en tenir compte, dès à présent, dans chacune de nos décisions. Nous devons marteler qu’il vaut mieux vider une corbeille à papier que d’en acheter une autre.
Le problème, C’est qu’à Angers comme dans d’autres villes : universités et CHU sont pris dans un maelström numérique qui les pousse à augmenter perpétuellement leurs capacités de stockage. Je conviens aisément qu’il faut que ces établissements sensibles disposent des moyens les plus performant pour assurer leurs fonctions. Mais c’est une fuite en avant. Ces établissements ne trouvent plus de place pour ranger leurs données simplement parce qu’ailleurs nous ne savons plus effacer celles dont nous n’avons plus besoin.
D’où la décision de construire à Belle-Beille un nouveau centre de stockage, en mobilisant un financement de 1 million d’euros via le contrat de plan État-région 2015-2020. Notons que ce mode de financement nous a marginalisé dans ce dossier… à tel point qu’en commission nous avons appris que le précédent vice-président à l’économie, Monsieur Bernheim, n’avait pas réussi à organiser un rapprochement avec l’industriel angevin ATOS, pour la construction de cet outil.
Mais ceci ne fut pas la seule incohérence, puisque le choix d’implantation de cet équipement a également fait débat. Comment accepter en effet que l’on construise ce bâtiment dans un espace fortement boisé avec les conséquences que cela entraine, alors même qu’à moins de 100 mètres, on construit un autre bâtiment ; bâtiment qui aurait d’ailleurs pu héberger le data center pour bénéficier l’hiver de la chaleur qu’il dégage.
Ce data center est déjà construit. On nous demande maintenant de valider un quasi doublement du budget en le faisant passer de 1 million à 1,8 million d’euros. Faut-il croire alors qu’il y aurait eu en 2015 une mauvaise appréciation des coûts, ou qu’entre temps les fournisseurs aient doublé leur prix ?
En l’absence d’information, je tends plutôt à penser qu’il s’agissait surtout de redistribuer les 4 millions devenus vacants suite à l’abandon du projet de Maison internationale des chercheurs étrangers d’Angers. Il y avait là alors une belle occasion de redistribuer cet argent vers des financements plus en rapport avec l’actualité.
Monsieur le président, Monsieur le vice-président, chers collègues, pour marquer ces constats et mes vives inquiétudes sur ce sujet je voterais symboliquement contre cette proposition. Notons que c’est paradoxalement un vote d’espoir puisqu’il m’engage… encore plus… à militer pour que nous mettions en place le plus vite possible les moyens de faire face au déferlement des données numériques.
La réponse du président de l’agglomération : Il n’est pas possible de redistribuer les budgets et il faut soutenir l’université d’Angers. La réponse que j’aurais souhaité faire : Il s’agit pourtant ici de décider précisément une redistribution du budget et il n’y a pas trace d’une intention de remettre en question l’impérieuse nécessité de soutenir des projets qui sont définis comme prioritaires par l’université elle-même, mais aussi par les enseignants.
-Stéphane LEFLOCH-
Conseil de communauté de décembre 2020
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